Questionnaire épicurien avec Gérard CABIRON Bertrand FASSIO

0
423

Un lundi soir de novembre. Direction l’aéroport de Fréjorgues au garage Retropolitain Classic Team. Dans ce lieu singulier imaginé par Bertrand Fassio, Patrick Ménard restaure des véhicules anciens plutôt sportifs. Des trésors qui ont une âme, un passé et du caractère. Si le patron de Metropolitain a un sens inné des affaires, il a aussi deux passions : l’automobile et la table. Nous l’avons rencontré autour d’un questionnaire épicurien en compagnie de Gérard Cabiron.


Vous nous recevez dans un lieu particulièrement atypique…
Retropolitain, c’est le prolongement de ma passion pour les belles autos. On y restaure des autos de caractère, sportives et anciennes. Le maître d’œuvre, c’est Patrick, un passionné comme moi et un ami de longue date. C’est aussi lui qui prépare, entretient et gère l’assistance quand je cours un rallye.

Quelles sont vos ambitions ?
Je n’en ai aucune. J’aurais aimé faire carrière dans l’automobile comme pilote professionnel. Cela n’a pas pu se faire. C’est ainsi. C’est devenu une passion. Ce garage, je m’y sens aussi bien que chez moi. J’y ai mon bureau. Cela me permet de lier l’utile à l’agréable, et finalement c’est d’ici que je travaille le mieux. C’est un endroit qui nous ressemble à Patrick et à moi.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le rallye ?
Tout. L’esprit de compétition, la performance, la rencontre des personnes, la découverte de nouveaux lieux, de nouvelles tables.

N’avez-vous jamais peur ?
Le jour où je ferai un départ sans vomir de peur, j’arrêterai d’en faire. J’ai toujours peur avant.
Pourtant j’ai dû en courir presque 200.

Avec Gérard Cabiron, vous avez des passions communes…
La gastronomie et les voitures. Nous nous sommes côtoyés de nombreuses années de par nos activités professionnelles sans vraiment nous connaître. C’est quelqu’un d’extrêmement discret que j’ai découvert grâce à Philippe Dupont. On ne se voit pas souvent, mais j’ai un affect fort pour lui. En réalité, je ne sais pas comment on ne pourrait pas l’apprécier.

Cet affect pour la gastronomie, comment est-il né ?
Honnêtement je ne sais pas. C’est un peu comme ma passion pour l’automobile… Mes parents ne sont fans ni de voitures, ni de gastronomie. Je pense que cela vient des différentes rencontres que j’ai pu faire dans ma vie. J’ai eu la chance de croiser des épicuriens qui m’ont permis de découvrir les bons établissements, de développer mon palais, d’affûter mes goûts.

Cuisinez-vous ?
Je commence tout juste ! J’ai passé des années seul avec mes enfants donc je faisais de la cuisine du quotidien, mais c’est vrai que cela me chatouille de plus en plus. Je ne fais pas de la grande gastronomie, mais j’aime bien faire de la cuisine au feu de bois. Des recettes conviviales à partager avec des amis autour de grandes tablées.

Êtes-vous plutôt cuisine traditionnelle ou moderne ?
Ni l’une, ni l’autre. J’aime ce qui est bien fait. Je ne cours pas forcément après les étoiles. J’aime la découverte et le partage. Samedi dernier, nous étions dans les Cévennes. Nous sommes allés dîner dans une petite table qui s’appelle Lou Regalou. La cuisine était simple mais très bien réalisée. Nous avons passé un moment très agréable en compagnie du couple qui tient l’établissement. Et c’est cela que je recherche.

Quel serait votre meilleur souvenir de gastronomie ?
C’était chez Gilles Goujon. J’y suis allé avec mon épouse, et au milieu du repas, elle s’est mise à pleurer d’émotion « gustative ». C’était très fort et c’était la première fois que je vivais une telle expérience.

Avez-vous une madeleine de Proust ?
Les foies de veau de ma grand-mère.

Y a-t-il une table que vous rêveriez de faire ?
La prochaine ! (Rires) Non, pas particulièrement. C’est le moment que j’ai envie de partager, je ne rêve pas d’un endroit ou d’un chef en particulier.

Si vous deviez offrir quelque chose de représentatif de la région, qu’est-ce que ce serait ?
Un vin du Pic Saint-Loup. C’est selon moi ce qui représente le plus notre terroir. Et c’est d’ailleurs ce que je fais déjà lorsque je vais chez des amis.

Qu’est-ce qui vous émeut dans le vin ?
La découverte, tout simplement. J’aime bien les Côtes du Rhône mais cela se rapproche de ce que l’on produit ici.

Êtes-vous amateur ou collectionneur ?
J’ai envie de dire les deux. Parce que lorsque j’achète de bonnes bouteilles, elles sont vite partagées. Les seules que je collectionne, ce sont les millésimes des années de naissance de mes enfants, pour leur constituer une cave pour plus tard.

Comment jugerez-vous l’évolution de la gastronomie à Montpellier ces dernières années ?
Très qualitative. Le niveau de la cuisine a très bien évolué, et le nombre de chefs aussi !

La notion de la qualité, est-ce important pour vous ?

C’est fondamental, je fais très attention à cela. On ne le sait pas forcément quand on entre dans un restaurant, mais on voit très vite à la dégustation si c’est un bon produit ou non.

Connaître l’homme derrière l’assiette, l’homme derrière un vin ou un produit, est-ce important ?
C’est intéressant. Car ce qu’ils sont correspond souvent à ce qu’ils produisent. Ils sont parfois un peu « ours » au premier abord, mais dans 90 % des cas, ce sont aussi de très belles personnes. C’est quelque chose que j’ai remarqué avec le temps. En général, si une cuisine est bonne ou si un vin est bon, on a une belle personne à la réalisation.

Un rallye prévu bientôt ?
Le rallye de Balagne en Haute-Corse, début décembre.

chefsdoc-25 chefsdoc-25 chefsdoc-25