La cure gourmande, entre tradition et innovation

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Chefs d'Oc, magazine épicurien, numéro 29, hiver 2024

Dans l’univers concurrentiel de la confiserie et de la biscuiterie, La Cure Gourmande se distingue par une histoire et une philosophie uniques. Fondée en 1989 à Balaruc-les-Bains, l’entreprise, dirigée par Edouard et Florence Hennebert depuis leur rencontre en 1992 avec Christian Berlan, le fondateur, a toujours misé sur l’authenticité et le goût. Avec une formation d’ingénieur en agronomie et en transformation agroalimentaire, le couple a su allier savoir-faire traditionnel et innovation.

 

Aujourd’hui, La Cure Gourmande, forte de ses 61 boutiques en France et à l’étranger, contrôle la totalité de sa production, de la fabrication alimentaire au packaging, en passant par le mobilier de ses magasins. Et depuis une paire d’années, le couple s’est lancé dans l’arboriculture. “J’ai imaginé un biscuit “sétois” à base d’amande, le Pavois de Sète, un biscuit qui reproduit le bouclier des jouteurs. Et je voulais qu’il soit fabriqué à partir d’amandes et de farines d’Occitanie. Historiquement c’est un produit d’ici. Celles que l’on trouve sur le marché viennent d’Espagne ou de Californie et n’ont pas de réel intérêt gustatif. C’est une matière première qui nous tenait à cœur. L’idée est d’arriver à avoir nos propres amandes que l’on va transformer pour faire du praliné pour le chocolat, pour confectionner des biscuits, des pâtes d’amande etc.” explique Édouard.

Ainsi, il y a quatre ans, la décision de planter des amandiers s’inscrit dans une démarche de retour aux sources. Avec dix hectares à Montbazin et huit à Villeveyrac, la culture des variétés locales françaises telles que la Lauranne et la Bellona symbolise cet engagement. La Lauranne, adaptée au climat français, est particulièrement résistante à la sécheresse, tandis que la Bellona, avec ses amandes en forme de cœurs, est idéale pour la chocolaterie.

“Tout est bio et enherbé avec des couverts végétaux spontanés. Je fais un traitement mécanique très basique”, continue Edouard, soulignant l’importance de la biodiversité et des pratiques durables dans leurs vergers. “L’amandier est un arbre qui est important pour la pollinisation. Sa floraison a lieu tôt, fin janvier début février. À ce moment-là, les abeilles viennent prendre du pollen et récupérer les protéines qu’elles vont en partie consommer. C’est cela qui permet de faire démarrer les ruches. Le nectar leur servira ensuite à développer les alvéoles, faire grossir les larves, etc. C’est un arbre qui a besoin des abeilles et vice versa. On a une amie juste derrière qui possède une quinzaine de ruches qui font partie de notre biotope. Nous avons beaucoup de haies le long de la rivière, c’est un site qui est très beau et qui est très particulier de ce point de vue-là, on est dans une zone Natura 2000”.

La récolte, prévue en septembre, sera intégralement utilisée pour les produits de La Cure Gourmande. En parallèle des amandes, les Hennebert ont fait un pari audacieux : cultiver des agrumes. Avec environ 700 arbres plantés sur deux hectares et demi, la culture du yuzu et de l’érémorange est une première dans la région. “Pour les yuzus, on a récupéré une variété traditionnelle plantée au Japon. Selon les stades de maturité du fruit, le goût évolue entre des notes herbacées à vanillées. Ce qui offre une somme de possibilités en termes d’utilisation” explique Édouard. Une diversité qui génère de nouvelles perspectives pour les produits de l’entreprise, comme des zestes enrobés de chocolat aux confitures et sirops en passant par une crème élaborée à partir d’un alcool local. L’érémorange, avec son goût de bonbon anglais et sa peau très fine, ouvre également des horizons culinaires nouveaux. “C’est un croisement de deux variétés naturelles que l’on trouve dans le désert australien. Une variété d’oranger et une de citronnier se sont hybridées. Il se prête à de nombreuses transformations”, précise Edouard.

Avec sa peau très fine et son absence d’amertume, il est vendu frais, pour être utilisé dans des préparations salées ou sucrées. “En confiture c’est fantastique”, ajoute Florence. La rénovation de l’ancien moulin à vent de Juffet, juste à côté des vergers, marque peut-être un nouveau chapitre pour La Cure Gourmande. “Ce que je veux, c’est arriver à fabriquer des madeleines avec de la farine de meules locales”, dit Edouard. L’impulsion visionnaire de la famille Hennebert redéfinirait-elle l’art de la confiserie et de la biscuiterie ? Probablement. En ancrant fermement son activité dans la tradition, l’innovation et le respect de l’environnement, elle ne se contente pas de produire des gourmandises, elle crée une expérience gustative authentique et respectueuse de ses racines.

www.curegourmande.fr