Fanny et François une équipe de choc

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DU RHÔNE AU LANGUEDOC, UNE AFFAIRE DE FAMILLE DE 4 GÉNÉRATIONS.

Quel décor automnal! Défilé de feuillages haut en couleurs ! Nous sommes à Franquevaux, dans Les Costières de Nîmes sud. Une grande étendue de 50 ha de vignes rousses inondées de soleil plongeant leur regard tourné vers le lac de Scamandre, la réserve naturelle de la petite Camargue et au loin la méditerranée. C’est bien cela qui apporte de la fraîcheur aux vins de Beaubois, de la finesse, de l’élégance et une grande richesse; ces coteaux n’ont pas besoin d’être perché à quelques mètres d’altitude pour cela, les vents frais venant de la mer, traversent les étangs permettant de maintenir une température modérée.

Fanny, cette carrière que vous embrassez aujourd’hui a-t-elle été choisie par obligation, par conviction, par passion ?
« Ni l’un ni l’autre. J’aurais voulu créer des bijoux ou être prof d’anglais. Mais Maman, maligne, m’a embarquée dans les salons internationaux afin de l’aider ». Et cela a fait son chemin. La voici « réquisitionnée ». Avec une dévotion sans limite au service d’une réussite familiale. Puis tout naturellement, et avec aisance, elle a choisi ce rôle d’être au contact de la clientèle, par monts et par vaux. Mais aussi à la réflexion, aux prises de décision, à l’élaboration des nectars du domaine.
Son frère François a choisi d’être dans les coulisses, au poste dit « ingrat » du travail de la vigne, harassant, mais tellement primordial. C’est bien lui qui a eu le désir de faire perdurer le travail des 3 premières générations et qui aujourd’hui élabore toutes leurs cuvées en bio.

On ressent une vrai force dans votre duo…
« S’épauler et se soulager mutuellement, frère et sœur, se compléter en utilisant les qualités de chacun ». Fanny n’a pas sa langue dans sa poche, ni la langue de bois. Pendant nos échanges deux tabous sont tombés : Pourquoi les Costières font parti de la région viticole du Rhône alors qu’administrativement vous êtes dans la région Occitanie ? « Il y a eu une réflexion au niveau des sols qui sont Rhodaniens et nous sommes dans ce couloir climatique, d’ailleurs le Duché d’Uzès vient de passer en Côtes du Rhône Gardoise, preuve d’une véritable étude. Cela n’a pas été déterminé par choix « syndical ».

Le deuxième s’associe à cette question : Le BIO, philosophie ou conviction, savoir-vivre ou savoir être ?
« C’est un respect évident pour l’homme, pour les vignerons comme pour les consommateurs et notre environnement. Par ailleurs, cela emploie jusqu’à 50% plus de personnel que la viticulture traditionnelle ! ».
Mais rajoute-t-elle en substance : « Ne soyons pas hypocrite, les sulfites il y en a partout, pas que dans le vin, on en retrouve dans toute l’agroalimentaire ».

Quelle est la ou les cuvées qui vous ressemblent ?
« Au final, toutes, car j’ai grandi avec, et aujourd’hui notre duo fraternel perdure la tradition, le travail de nos aïeuls ; nous avons élaboré 16 cuvées différentes et elles proposent une symphonie des quatre saisons. Mais il est vrai que deux nouvelles cuvées sont nées : « Idole ». Elles sont ambitieuses et subliment le terroir particulier de Beaubois, les pieds dans les galets, la tête sur l’étang de Scamandre ».

Petite curiosité : quel autre terroir de France vous séduit et pourquoi ?
« Le Sancerre blanc sur les sols de Silex ! J’adore son côté tendu, tonic, sa droiture….en rouge le Châteauneuf-du- Pape celui du Domaine Pégau « cuvée Da Capo » pour sa très longue persistance, ses tanins serrés mais parfaitement intégrés offert par une bouche étroite, droite, puissante et profonde aux arômes de fruits rouges, de Zan et de poivre noir. »

Quelle serait la cuvée de votre domaine que vous nous proposeriez pour les fêtes ?
« Justement Idole en blanc comme en rouge. Le blanc est composé de 4 cépages rhodaniens, Roussanne, Viognier, Grenache blanc et Vermentino. Il offre originalité, fraicheur et concentration. Le nez beurré évoque la gelée de coing, la mangue, le fruit de la passion. En bouche, le miel, le poivre blanc et la mangue donnent un côté très onctueux, la finale sur le citrus confit, tout en finesse et puissance à la fois. Cette cuvée a un potentiel de garde de 5 ans. »
Accord met et vin : Ris de veau braisé aux queues d’écrevisses jus acidulé à l’orange, Saint-Pierre bouillon safrané, une belle volaille fermière rôtie peu bien faire l’affaire, Pélardon des Cévennes, Beaufort, Bleu de Gex, pour les fromages et en dessert Tarte Tatin à la Mangue.
Le rouge est composé de 5 cépages rhodaniens, Syrah, Grenache noir, Mourvèdre, Marselan et Cinsault génèrent un vin riche et solide. Le nez très balsamique soutenu par de la gelée de framboise, de la noix de muscade et clou de girofle. En bouche, le cacao et le grain de café dominent puis la mûre, le cassis et la myrtille prennent place. Fabuleuse alliance d’élégance et de concentration. Cette cuvée a un potentiel de garde de 15 ans.
Accord met et vin : Cigarillo croustillant de pied de porc sur une mousseline de lentilles vertes balsamique, toutes pièces de viande rouge comme un Dos de Cerf sauce truffe Melanosporum, Comté, Brillat Savarin jeune et frais, Langres, pour les fromages et en dessert Entremet de chocolat Caramelo sur biscuit praliné.

Prix public au caveau : 36€.
Château Beaubois – frère et sœur
Fanny et François Molinié-Boyer
30640 Franquevaux – 04 66 73 30 59
château-beaubois@wanadoo.fr
www.chateau-beaubois.com

PAR NATHALIE GUILTAT, SOMMELIÈRE DU RESTAURANT LE CASTEL RONCERAY