Richard Fesquet L’oignon doux des Cévennes

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À SUMÈNE, UNE AGRICULTURE AUX PETITS-OIGNONS

Depuis sa maison située dans les hauteurs à quelques kilomètres de Sumène, Richard Fesquet veille sur ses parcelles d’oignon doux. Et dans la famille Fesquet, la passion de la culture d’oignon se transmet depuis déjà trois générations.
« Mon grand-père avait quelques brebis, des vers à soie et commençait déjà la culture de l’oignon doux. Mon père, lui n’a gardé que les brebis et les oignons. De mon côté, j’ai d’abord fait tout autre chose puisque je suis allé étudier les mathématiques à la fac de Montpellier, puis je me suis installé comme agriculteur à l’âge de 25 ans. Ce qui m’a motivé, c’est le début des coopératives. Et puis l’oignon, j’adore ça ! Je me régale de les cultiver et de les manger ». Dès lors, Richard Fesquet travaille plus d’un hectare de terre, réparti sur 41 parcelles et produits plus de 90 tonnes par an.
Certaines parcelles héritées de son grand-père, sont dédiées à la culture de l’oignon depuis les années 60. « La culture de l’oignon demande beaucoup de surveillance », témoigne Richard Fesquet, par ailleurs Président du syndicat pour la défense de l’oignon doux des Cévennes.
Les parcelles, n’excédant parfois pas 100m², sont semées entre janvier et mars puis vient le temps du repiquage entre avril et mai. Les premiers oignons sont ensuite récoltés en août. « Nous faisons pratiquement tout à la main, l’arrachage, le séchage et la préparation des oignons après leur passage dans la peleuse ». Durant tout l’automne, au moment du tri des oignons, la radio tourne à plein régime. « Maintenant avec la peleuse, c’est plus facile. Je me souviens quand j’étais petit, on faisait tout à la main ! ».
 

 

UN OIGNON SUCRÉ AUSSI BON CRU QUE CUIT

Contrairement aux idées reçues, Richard Fesquet qui mange de l’oignon tous les jours, l’assure « l’oignon doux des Cévennes se mange aussi bien cru que cuit et présente l’avantage de se conserver tout l’hiver ! ». Prisé en cuisine par les plus grandes tables comme à Nîmes par le chef Jérôme Nutile ou encore par Jérôme Billot-Morel, chef du Jardin des sources à Brissac, l’oignon doux se décline à toutes les sauces : « Cru, il est très juteux, croquant comme une pomme avec un peu de piquant et d’amertume. Cuit, il se caramélise. Personnellement je l’aime avec de la charcuterie, un fricandeau de saucisse, une salade, des anchois, en tarte ou encore en soupe… Les possibilités sont infinies ! », détaille le spécialiste. L’oignon doux des Cévennes et sa peau nacrée ou légèrement cuivrée, est même exporté jusqu’en Italie, Espagne et Allemagne. Avec son frère Jérôme Fesquet, également installé comme agriculteur d’oignons doux, il lancera prochainement la culture de pomme et de pommes de terre. « Nous avons des terres à valoriser en fond de vallée où nous comptons planter des pommiers. Pour nous démarquer nous voudrions faire de la Dalinette, une pomme rouge que l’on peut cultiver en bio ».
 

 

ASSURER LA RELÈVE

Très impliqué au niveau du syndicat, Richard Fesquet ne manque pas une occasion d’encourager les jeunes à s’installer. « Nous avons chaque année deux à trois installations par an, cela nous fait réellement plaisir. Nous sommes là bien sûr pour les conseiller, leur donner les bons tuyaux ». De fait, la demande d’oignons doux est telle que l’offre n’arrive pas toujours à suivre. « Actuellement, nous produisons sur le territoire 2.400 tonnes dont 2.000 vendues sous AOP, mais si on pouvait arriver à 2.500 tonnes ou plus, ce serait idéal », ambitionne Richard Fesquet. Le moins que l’on puisse dire c’est que cet homme-là sait s’occuper…de ses oignons !

CORALIE PIERRE