Un week-end en Alsace : La chatoyante

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En Alsace, on ne plaisante pas avec les fêtes de Noël. Dès le 25 novembre, jour de la Sainte-Catherine, la région entière déroule un tapis de festivités : illuminations de sapins, calendrier de l’Avent, veillées, vin chaud. Et bien sûr, les marchés de Noël sous de jolis chalets en bois. Le rituel existe depuis la fin du XVIe siècle, et ce décor vous est peut-être familier. Mais Noël en Alsace, ce n’est pas uniquement cette guirlande de traditions populaires. Féru d’histoire et de patrimoine ?
En Alsace, le temps qui passe est une aubaine, et son héritage s’inscrit dans la solennité des pierres. Faim de découvertes culinaires ? C’est l’une des régions les plus gourmandes de France. Les plaisirs de la table y sont une véritable institution : choucroute, tartes flambées et baeckehoffe combleront les gourmets. À seulement 1h30 en avion de Montpellier, Frédéric Husser nous emmène découvrir, Strasbourg capitale de Noël et Colmar la belle pour une escapade de deux jours. Cosmopolite, épicurienne ou arty, choisissez votre favorite.

marche de noel strasbourg
UN WEEK-END EN ALSACE : La chatoyante

JOUR 1 – SAMEDI

VISITER STRASBOURG

Célèbre pour son marché de fin d’année, la métropole alsacienne ne saurait se réduire à un conservatoire des traditions régionales. Hiver comme été, cette ville agréable à vivre s’offre généreusement au promeneur dans les rues piétonnes de son centre historique. Belles demeures, musées, restos et cafés, laissez le charme agir, en toutes saisons.

MATIN : VUE PANORAMIQUE DEPUIS LA CATHÉDRALE

Millénaire en 2015, Notre-Dame de Strasbourg est la plus vieille cathédrale gothique au monde mais aussi le monument emblématique de la capitale européenne. Avec ses 4 millions de visiteurs par an, elle est la cathédrale la plus visitée de France après Notre-Dame de Paris. L’édifice repose sur des fondations de 1015, uniques au monde : la cathédrale est posée sur un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois enfoncés dans la nappe phréatique. Depuis, le système a été renforcé par des coulées de béton.
La plateforme, à 66 m d’altitude, est accessible uniquement à pieds par la montée des 330 marches. L’accès se fait au sud par la place du Château. Elle offre une vue imprenable sur les toits de Strasbourg et quelques monuments notamment le musée d’Art Moderne (MAMCS), le barrage Vauban, la gare et le Parlement Européen. Vous pourrez aussi apprécier des éléments d’architecture tels que l’octogone de la haute tour surmonté de sa flèche qui culmine à 142 m, la tour de la croisée du transept érigée au XIXe siècle par l’architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame Gustave Klotz, les toitures en cuivre de la haute nef et des bas-côtés et de nombreuses sculptures.
Cathedrale strasbourg
Maison-Kammerzell
Vous admirerez l’horloge astronomique, chef d’oeuvre de la Renaissance, construite sous la direction de l’architecte Hans Thoman Uhlberger, et transformée au XIXe siècle par Jean-Baptiste Schwilgué, génie autodidacte à la fois mathématicien, astronome et mécanicien. C’est la grande attraction de la cathédrale. Son jeu d’automates attire quand même trois millions de curieux chaque année. Classée monument historique à titre d’objet depuis une trentaine d’année, elle est installée dans un buffet du XVIe siècle, mais son mécanisme ne date que de 1842. L’horloge actuelle est la troisième de l’histoire de la cathédrale. La première a fonctionné de 1354 jusqu’au début du XVIe siècle. La deuxième a été réalisée avec le buffet et les décorations actuelles en 1571 et a cessé de fonctionner à la veille de la Révolution. Elle était le fruit du travail d’un peintre, de deux horlogers et de deux mathématiciens, dont le célèbre Conrad Dasypodius. Sa légende raconte qu’il aurait eu les yeux crevés pour ne pas reproduire ailleurs d’horloge identique à la pièce strasbourgeoise.

Place de la Cathédrale
67000 Strasbourg
www.cathedrale-strasbourg.fr

Midi : PAUSE GOURMANDE À LA MAISON KAMMERZELL

La Maison Kammerzell, située en face de la Cathédrale, est une des plus vieilles bâtisses de Strasbourg, elle est une référence dans le domaine architectural de style Renaissance. Un repas à la Maison Kammerzell est indissociable d’une visite de la ville. Elle abrite en effet depuis deux siècles un restaurant et un hôtel trois étoiles très appréciés et très fréquentés. C’est un véritable symbole de la gastronomie strasbourgeoise. Avec ses 75 fenêtres en cul-de-bouteille, ses poutres sculptées de figures religieuses, profanes et mythologiques, dont la représentation de la Charité, la Foi et l’Espérance, ses arcades, ses fresques signées du peintre Léo Schnug et ses vitraux, il y a matière pour s’attarder à regarder cette superbe façade. Vous y trouverez une superbe ambiance médiévale avec une vue unique sur la cathédrale. Vous pourrez y déguster la célèbre choucroute aux trois poissons dont le chef Guy-Pierre Baumann, qui révolutionna la gastronomie régionale en créant ce plat en 1970, garde jalousement le secret. Foie gras, Presskopf, Coq au Riesling, Baeckeoffe, Waedele… À la mélodie des noms répond la saveur des mets.

16 Place de la Cathédrale
67000 Strasbourg
www.maison-kammerzell.com

UN WEEK-END EN ALSACE : La chatoyanteUN WEEK-END EN ALSACE : La chatoyante

APRÈS-MIDI : DÉCOUVERTE DE LA PETITE FRANCE

C’est l’ancien quartier des tanneurs, pêcheurs et meuniers. Situé au Sud du centre-ville, il est bordé par la rivière Ill qui se divise ici en cinq bras, ce qui permit la construction de moulins et l’installation de tanneries. Témoins de ce passé, les longues lucarnes sur les toits, qui permettaient d’aérer les greniers où étaient séchées et stockées les peaux et les noms de certaines rues comme celle des Moulins ou celle du Fossé-destanneurs.
Si aujourd’hui il est très chic d’y habiter, cela n’a pas toujours été le cas. Lorsque ce surnom apparait, Strasbourg ne fait pas partie de la France. Un surnom ironique ? Probablement. Datant du XVIe siècle, ce quartier doit en effet son nom au lazaret qui y fut installé pour les soldats de François Ier atteints du « Mal français », la petite vérole.
Quartier célèbre et cher aux strasbourgeois, la Petite France est une vraie Venise du Nord avec ses canaux et ses ruelles étroites au charme certain. Avec ses rues pavées, ses vieilles maisons à colombages du XVIe siècle qui se mirent dans les eaux, ses écluses, ses saules pleureurs, ses cygnes, et ses recoins secrets, la Petite France possède un charme incroyable. Passez par la rue du Bain-aux-Plantes, artère du quartier dont le nom provient vraisemblablement d’un ancien établissement de bain pour femmes. Admirez le restaurant Lokhäs datant du XVIe et les maisons n°27, 31,33. En face, la superbe maison des tanneurs. Au n°4 de la rue des Cheveux, une maison rococo, et rue des Dentelles, au n°9, l’hôtel de Rathsamhausen avec sa cour intérieure. Retournez vers la rue des Moulins par la rue du Pont-Saint-Martin.
petite france - strasbourg
Empruntez le pont pour admirer les maisons se reflétant dans l’eau et le bateau-lavoir, sur l’Ill. Rue des Moulins, au n°1, arrêtez-vous afin d’admirer les sculptures du premier étage. Outre les maisons à colombages, le charme du quartier tient aux Ponts Couverts, une enfilade de trois ponts anciennement garnis d’immenses toitures en bois et aux tours du XIVe siècle, vestiges des anciens remparts. Ne cherchez pas la toiture des ponts : elle a disparu au XVIIIe siècle mais le nom est resté. En face, admirez le barrage Vauban, construit en 1690, en complément des Ponts couverts pour garder le fleuve. Vous pourrez achever la balade sur la terrasse panoramique du barrage, qui offre une vue superbe sur la Petite-France. La Petite France est un réel passage obligé si vous souhaitez visiter Strasbourg, pour sa valeur historique, mais surtout son charme bucolique.

SOIR : DIRECTION COLMAR POUR UNE NUIT À L’HOSTELLERIE LE MARECHAL

En fin d’après-midi, prenez la route direction Colmar. Comptez environ 50 minutes de trajet. Dirigez-vous vers le centre de la ville. Au coeur du quartier de la Petite Venise, cette belle demeure alsacienne du XVIe siècle est un bijou. Sa belle façade à colombages abrite des chambres et des suites décorées de meubles anciens, parfois de lits à baldaquin ou capitonnés Louis XV. Fondée par Gilbert et Ingeborg Bomo en 1972, l’Hostellerie le Maréchal est historiquement bâtie en 1565 sur les fortifications qui entouraient la ville, lui donnant l’allure d’un village sur l’eau, avec son dédale de colombages.
La nuit tombée, vous pourrez dîner au restaurant à l’Échevin réputé pour ses accords parfaits entre modernité et tradition. On y dîne aux chandelles dans des harmonies bleu et crème, devant les lumières de la petite Venise. Origine, qualité, noblesse du produit, pour une cuisine aux mariages subtils. Presque un goût de pittoresque. La spécialité du chef : le foie gras de canard « au torchon » Chutney de fruits au Gewurztraminer et le demi pigeonneau fermier d’Alsace Confit de foie gras épinard et pomme « Anna ».

4 Place des 6 Montagnes Noires
68 000 Colmar
www.hotel-le-marechal.com

UN WEEK-END EN ALSACE : La chatoyante

JOUR 2 – DIMANCHE VISITER COLMAR

Les terrasses, ruelles pavées et canaux de cette ville alsacienne invitent à la flânerie pour profiter des beaux jours… forts nombreux car la ville est fière de se présenter comme la plus sèche de France. À l’automne, les vignes des alentours, qui ponctuent la célèbre route des vins d’Alsace, se parent de couleurs chaleureuses. Et en hiver, les marchés de Noël animent la cité. Colmar devient alors ville d’artisanat, elle qui peut déjà se prévaloir d’être une ville d’art et d’architecture, mais aussi une ville d’eau et de vin.

MATIN : BALADE AU COEUR DE LA PETITE VENISE

Traversé par la rivière Lauch, le quartier de la Petite Venise présente de nombreuses maisons anciennes (du XIVe au XVIIIe siècle), à colombages pour la plupart, construites à fleur du cours d’eau. Ce quartier commence derrière le Koïffhus, passe par le quai de la poissonnerie, pour aller jusqu’aux ponts Turenne et Saint-Pierre. Il se trouve donc au début de la Krutenau, dont l’étymologie désigne des lieux de cultures maraîchères aux abords des villes. Habitée à l’origine par une communauté rurale de vignerons, maraîchers et bateliers,
la Krutenau s’étend autour de la rue Turenne que le maréchal emprunta en 1674 pour son entrée triomphale dans la ville. La Petite Venise de Colmar est de taille réduite mais franchement adorable. Pour partir à sa découverte un peu différemment, choisissez la promenade en barque à fond plat sur la Lauch à l’image de la célèbre ville italienne, pour une promenade bucolique. Ces barques particulières servaient à l’origine aux maraîchers à transporter leurs légumes jusqu’aux marchés. La promenade vous mènera d’ailleurs sur ce chemin: découvrez le quartier résidentiel des Maraîchers puis le centre-ville jusqu’aux Halles, qui abritent encore aujourd’hui un marché couvert.
La barque glisse lentement sur l’eau, vous laissant admirer le paysage: maisons à colombages et nature verdoyante sont au rendez-vous.
L’atmosphère est paisible, c’est très agréable. Bien sûr, vous pourrez également en visiter ses petites ruelles à pied ou à vélo.

Quai de la Poissonnerie – 68000 Colmar

MIDI : DÉJEUNER À LA BRASSERIE MAISON DES TÊTES

Construite en 1609, la Maison des Têtes, bel édifice de la Renaissance allemande, doit son nom aux cent-six têtes ou masques grotesques qui ornent une riche façade sur laquelle s’élève un oriel de trois étages. Le restaurant est une étape gastronomique incontournable nichée au cœur même de Colmar. Il s’agit d’une très belle table dans un cadre authentique.
Le chef y développe une cuisine, pleine de ressources et d’idées, un thème végétarien qui s’adapte aux saisons, un autre consacré à la mer, et toute l’année des plats brillants, utilisant volontiers les ingrédients de prestige, sans ostentation, avec la saveur et l’harmonie : des Saint-Jacques à cru et pomme granny, un bar de petit bateau poêlé et purée de poireaux émulsion amande, le homard et ses navets glacés au miel, l’œuf mollet et la truffe, la poitrine de pigeon cuite sur coffre et cuisse confite.

19 Rue des Têtes, 68000 Colmar
www.la-maison-des-tetes.com

UN WEEK-END EN ALSACE : La chatoyante

APRÈS-MIDI : UNE APRÉS-MIDI AU MUSÉE UNTERLINDEN

Avec son alliance subtile entre l’architecture monastique du Moyen-âge et son écho contemporain, le musée Unterlinden place Colmar dans le haut du panier des grandes institutions muséales européennes. Et c’est sans compter sur son mondialement célèbre retable d’Issenheim, réalisé entre 1512 et 1516 par Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald.
La plupart du temps, les visiteurs restent scotchés dans le silence et le froid, tournant religieusement autour des onze panneaux de tilleul exposés. Cela fait cent soixante ans que cela dure. Jusqu’à la Révolution, il trônait dans l’église de l’hospice des Antonins d’Issenheim, où l’on soignait les personnes atteintes par le mal des ardents, dû à un empoisonnement.
On venait de loin pour le voir. Aujourd’hui, les touristes traversent la terre entière pour découvrir ce joyau, mélange exacerbé de surnaturel et de religieux. Le musée Unterliden offre un parcours complet, de l’archéologie à l’art médiéval, les salles du couvent offrent un cheminement clair et chronologique dans les collections. Les retables sont visibles des deux côtés, notamment ceux de la superbe salle consacrée à Martin Schongauer, artiste contemporain de Grünewald, originaire de Colmar. Une fois la visite du bâtiment monastique achevée, difficile d’imaginer qu’il reste encore la moitié des collections à découvrir… Et pourtant. Un escalier en colimaçon plonge dans les profondeurs du sous-sol pour relier l’ancienne et la nouvelle aile du musée. On rencontre Théodule Ribot, Henner, Renoir, Rouault, Monet. Mais aussi le monde ascétique d’Herzog et de Meuron. Sur deux niveaux immaculés, la collection d’art moderne déploie des pépites rarement montrées, telle une tapisserie de sept mètres de long par plus de trois de haut, réalisée d’après Guernica de Picasso. Pour la petite histoire, il n’en n’existe que deux autres au monde, à l’ONU à New York et au Japon. Otto Dix, Fernand Léger, Bissière, Estève, Manessier et d’autres grands représentants de la seconde école de Paris suivent. Puis on change de génération, avec un dialogue réussi entre sculptures et peintures de Dubuffet, Vieira da Silva, Poliakoff, Debré ou Soulages.

À STRASBOURG

  • Parcours de Noël
    Tous les samedis de décembre 2017. Ce parcours est l’occasion de conter l’histoire et les traditions de Noël, à Strasbourg et en Alsace. De l’origine du marché de Noël de Strasbourg à ses développements récents, de l’histoire du sapin aux traditions culinaires que sont les bredle, le pain d’épices ou le foie gras, de l’artisanat traditionnel aux illuminations, de multiples sujets seront abordés, émaillés d’anecdotes.
  • Marché de Noël
    Les rues et places de Strasbourg accueillent les cabanons du marché de Noël et avec eux, leur lot de douceurs sucrées et salées, idées cadeaux, décorations de Noël, artisanat en tout genre

À COLMAR

  • Marché de Noël
    Découvrez les 5 marchés de Noël au cœur de la vieille ville.