Un surnom que la cité doit à ses monuments construits en pierre basaltique. Elle est bien souvent associée au Cap d’Agde, l’un des endroits les plus branchés du littoral héraultais, et les clichés lui collent à la peau. Tourisme de masse, fêtes débridées, délinquance… une partie de la réalité seulement. Car lorsque l’on s’y attarde, on découvre notamment une terre riche de traditions et d’histoire que les hommes ont façonnées au fil des siècles. Jacques et Laurent Pourcel, les chefs auréolés du célèbre Jardin des Sens, nous racontent leur histoire à travers celle de la ville qui les a vu naître.
Ce n’est pas le hasard qui nous conduit en ce lieu, vous l’aurez compris. Jacques et Laurent Pourcel sont nés ici, le 13 septembre 1964. Une date célèbre pour les Agathois puisque c’est ce jour-là qu’a été repêchée, dans le port de la ville, la très connue statue antique de l’Éphèbe, visible au Musée du Louvre et devenue emblème de la ville. Une date marquante donc pour la famille des jumeaux, et particulièrement pour leur mère, originaire de ce petit port de Méditerranée.
Cette ancienne cité d’origine grecque, sur le fleuve Hérault, prétend à vingt-six siècles d’histoire. Absolument unique en Languedoc, la cité d’Agde surprend par la richesse et la singularité de son architecture. Des remparts à la Marine, au fil des ruelles et des placettes, la promenade est étonnante avec un petit quelque chose du « temps d’avant ». « Nous sommes très attachés à cette ville et à ses environs. Nous y avons passé une partie de notre enfance », explique Laurent. Au Grau d’Agde plus précisément.
Ce traditionnel village de pêcheurs se trouve tout près de la cité d’Agde, en bordure de mer, sur la rive gauche du fleuve Hérault. Sa forte activité portuaire d’antan s’explique naturellement par sa situation géographique. Implanté à l’embouchure de l’Hérault, le delta s’est avéré idéal pour garantir la sûreté des ancrages des bateaux de commerce et le développement de la pêche.
Delta où les jumeaux apprendront même à nager. « Pour nous, Agde, c’est le souvenir d’une enfance heureuse, entourés par notre famille. On habitait sur Florensac, nos parents y avaient leurs vignes, mais on y passait les deux mois de l’été dans la maison familiale. On a appris à nager juste ici, dans l’embouchure de l’Hérault », raconte Laurent. « On pêchait les crabes et les crevettes dans les rochers. On achetait du poisson sur le port à l’arrivée des bateaux avec notre mère… Tous les soirs on se promenait sur le port, on achetait des bonbons et on allait jusqu’au phare au bout de la jetée. On avait beaucoup de petits rituels », se remémore Laurent.
Le chef commencera d’ailleurs sa carrière de l’autre côté du port à la Tamarissière, l’une des meilleures tables de la région, celle de Nicolas Albano. « J’avais dix-sept ans, cette expérience m’a mis le pied à l’étrier », confirme Laurent. « Je ne faisais pas grand-chose à l’école, c’est Jacques qui faisait les devoirs, moi je copiais ! Mais sur la durée ce n’était pas viable. On m’a conseillé de choisir un métier. Je n’avais pas envie d’aller à la vigne avec mon père, j’ai choisi la cuisine ». Après l’école hôtelière à Montpellier, les deux frères voguent chacun de leur côté. Pendant sept ans, l’un et l’autre se forment dans différents établissements avant de se retrouver et de créer ensemble Le Jardin des Sens.
Mais revenons sur Agde. Si elle n’a pas à proprement parler d’identité culinaire forte, elle a une longue tradition culinaire. « Il n’y a pas vraiment de spécialité à Agde, sauf peut-être la bourride agathoise. Mais il y a une culture du poisson comme dans toutes les villes portuaires, mêlée à une forte influence méditerranéenne », explique Jacques. Autrefois appelée « Agathé Tyché » (la Bonne Fortune), Agde est l’une des plus anciennes villes de France, riche de milliers d’années d’histoire, construite avec la pierre volcanique du Mont Saint-Loup. « Agde a un passé historique assez intéressant. Mais c’est vrai que la commune s’est très étendue, le cœur de ville est un peu délaissé. Quand on était gamins, il était plus animé »
Mais il semblerait que les choses soient en train de changer. « Il y a un effort de fait, c’est évident. La rénovation de la villa Laurens, un symbole de l’Art nouveau du début du XXe siècle », précise Jacques. S’ils vivent à Montpellier désormais, les deux frères ne délaissent jamais bien longtemps le pays agathois. « Nous avons une maison de famille sur le littoral, à la plage de Rochelongue. C’est le lieu où l’on se rejoint tous l’été. C’est notre refuge, un endroit assez préservé, on ne peut pas y accéder en voiture. On peut vraiment s’y ressourcer et profiter des nôtres », termine Laurent.
Leurs recommandations ? Déjeuner ou boire un verre sur la plage privée Nudisme Interdit au Cap d’Agde, dîner à La Table de Stéphane à Agde, visiter la cathédrale, l’un des plus beaux exemples d’église fortifiée de la région, et se promener le long du littoral au Grau d’Agde.
