Elle ne paie pas de mine dans un monde où l’on identifie les plats avec des hashtags. Pourtant, elle, elle s’en fout. Pas de chichis. La moule reste là, tapie dans sa coquille, modeste mais musclée, iodée jusqu’à l’os. Fidèle au poste, elle filtre. Elle nourrit. Elle rassemble. Elle tache les nappes et réconcilie les classes sociales autour d’un bon vieux plat en cocotte. Une héroïne du quotidien, vivante, brute. Une star qui n’a pas besoin de couronne, juste d’un fond de vin blanc.
La planète moule
À Bouzigues, elle pousse sur des tables, dans les eaux saumâtres de l’étang. En Galice, elle prend des rondeurs méditatives. En Nouvelle-Zélande, elle muscle ses lèvres comme une guerrière océanique. Mais partout, elle filtre le monde. Littéralement. Elle nettoie l’eau pendant qu’on salit la planète. 66 000 tonnes produites en France chaque année. Dont 3 000 à Thau*. Une reine sans trône, mais pas sans tripes. Une princesse prolétaire, farouche et sans maquillage. Elle se moque d’être instagrammable, tant qu’elle est comestible.
La cuisine du vrai
Marinières à l’ail blondi, brasucades fumantes mouclades crémées, gratinée au beurre persillé… La moule aime le feu, le vin, l’excès. Elle déteste la tiédeur. Elle se fait aimer à la chaleur, se donne à la cocotte. Elle déborde, éclabousse, se mange avec les doigts. On sauce, on trempe, on rit. La nappe est tachée, l’instant est sacré. C’est la cuisine du vrai, du vivant, de l’instant. Sociale, sensuelle… Avec elle pas de storytelling. Juste le goût d’un été simple, les pieds dans le sable.
Un super-aliment sans chichi
Moins de 100 kcal aux 100 g, bourrée d’oméga-3, zinc, fer, B12… Elle soigne le cœur, booste l’immunité, cale les faims tristes et console les lendemains de bringue. La moule, fait du bien. Le luxe, le vrai, est là.
Une sentinelle et un symbole
Elle encaisse tout : les pesticides, les marées noires, la bêtise humaine. Elle ploie, mais elle filtre. Elle survit. Silencieuse. Manger des moules, c’est choisir un aliment humble, durable, vibrant. C’est dire merci à la mer, à la main qui les récolte, au feu qui les ouvre. C’est lécher ses doigts en guise de prière.
*selon les chiffres clés de la mer et du littoral édition 2024