La Grange de Quatre Sous

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HILDEGARD HORAT ET LA GRANGE DE 4 SOUS

« Vinifilles, c’est une solide envie d’avancer dans le respect de cette culture (de l’esprit ou de la terre) qui nous est si chère ». Un bataillon au féminin qui s’engage dans un pied de nez à la morosité !
Mais qu’est-ce qui prédestinait cette Suisse Allemande à venir dans ce paysage désertique situé dans l’air d’appellation Saint-Chinian, sur Assignan, à la croisée des routes qu’empruntaient les Templiers ?
Car, pourtant, ce n’était pas pour le vin, mais pour l’amour d’un homme qu’elle se trouvait là.
C’est d’abord en restaurant les églises baroques du pays qu’Hildegard gagne sa vie. Son pied à terre fût la Grange, en ruine, qu’elle restaure, puis après avoir acquis une première parcelle en 1979, pour l’amusement, ils décident de faire du vin pour leur consommation personnelle.
Hildegard s’est finalement piquée au jeu et retourne sur les bancs de l’école en 1983, tandis que son compagnon continue la restauration de cette grande maison de pierres.
Hildegard a ressuscité la Grange de Quatre Sous avec l’aide de son mari sénégalais Alioune. Elle retrousse ses manches et prépare les sols elle-même, à la main, enlevant les pierres pour les mettre autour des parcelles comme autrefois. En femme discrète, timide et modeste : « nous n’avions pas les moyens de faire faire ce travail par les machines, mais ce temps que nous passions dans nos parcelles était aussi des temps de réflexion et de connaissance des lieux-dits. Nous pouvions réfléchir aux cépages que nous planterions en fonction des vents présents, de la qualité de la terre que nous rencontrions. Par exemple, notre cabernet a été planté derrière le village où ça murit plus vite que du côté de la maison. Nous avons planté les cépages que nous aimions, comme le malbec, le cabernet franc, sans tenir compte des critères d’appellation. »
Par constat plus que par instinct philosophique, suite à une expérience, Hildegard ne travaille plus qu’avec les levures indigènes (celles qui sont contenues naturellement dans le raisin) plutôt que les exogènes. C’est une évidence aujourd’hui de vinifier en agriculture biologique et de transiter vers la biodynamie. Aujourd’hui, le domaine comporte 8 ha. Hildegard et Alioune ont oeuvré avec amour pour donner naissance à des cuvées vendues dans le monde entier.
Parmi tous ces nectars, l’un d’entre eux méritait toute mon attention : « Bu N’Daw ». Hildegard n’a pas pu résister à faire l’essai d’un cépage venant de sa terre natale du Valais : « la Petite Arvine ». Greffée sur des jeunes pieds de cinsault, la première vendange délivrait dès l’année suivante tout son charmant secret. « La Petite Arvine » pousse sur un sol argilo-calcaire qui lui permet d’exprimer une bonne acidité. L’élevage de 18 mois en cuve inox sous température contrôlée, participe à une garde jusqu’à 8 ans. On trouve des arômes de fleurs de coings, de cire d’abeille et de foin.
En bouche se développe une belle minéralité soutenue par des arômes de pêche. Sa finale, légèrement saline, est accompagnée de notes de miel avec des notes de fumée.
Quelle artiste ! Pour le bonheur de nos papilles ! Preuve que notre vignoble languedocien nous réserve encore de belles surprises !


PAR NATHALIE GUILTAT,
SOMMELIÈRE DU RESTAURANT
LE CASTEL RONCERAY
La Grange de Quatre Sous
Hildegard HORAT et Alioune DIOP
34360 Assignan – 04 67 38 06 41
info@quatresous.eu
www.quatresous.eu/fr